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Auteur de l'article : Julien Valverdé

Anonymat, communication, comment les Hacktivistes se protègent-ils ? (interview)

Interview de Mr Étienne H., développeur en solutions d’anonymat utilisées par le Hackitivisme :

DLST’Mag : Bonjour Mr., merci d’accepter notre interview. Tout d’abord, une question me vient en tête ? Pourquoi ne désirez-vous pas donner votre vrai nom ? Est-ce un simple principe ou y a t-il une véritable raison ?

Étienne : Bonjour Julien, c’est un plaisir. Alors oui, il y a bien une raison à cela. Il faut bien comprendre que développer des applications qui seront utilisées pour la lutte de l’Internet libre n’est pas mon véritable métier, enfin pas celui qui me permet de vivre, même si je reçois quelques rémunérations de ce petit travail « clandestin ». Je suis en réalité développeur dans une petite entreprise et je ne développe les solutions dont vous me parlez que dans mon temps libre, et vous comprenez très bien qu’associer librement mon nom complet à ce petit travail de côté ne serait pas très productif pour mon travail principal.

DLST’Mag : Très bien, nous comprenons. Pour vous, est-ce une fierté de « travailler » pour une telle cause ?

Étienne : Bien sûr, sinon il est évident que je ne dédierais pas mon temps libre à une telle activité. En tant qu’utilisateur très actif de l’outil informatique et d’Internet, je ne peux pas dénier le potentiel d’un tel moyen de communication et je pense qu’il est important pour chacun de nous de lutter, quel qu’en soit la manière, pour nos libertés. Moi dans mon cas, j’aide les Hacktivistes, les lanceurs d’alerte et tous les autres « lutteurs » en participant à la création des outils adéquats.

DLST’Mag : Que faîtes vous exactement ? Comment travaillez-vous ?

Étienne : Généralement, je participe à la conception d’outils Open Source en tous genres. Il peut y avoir des applications qui peuvent servir à l’anonymat, d’autres au partage, à l’attaque, et même les trois en même temps. Évidemment je n’ai pas tout crée moi-même, sachant que ces projets sont libres, j’y ai apporté ma contribution en ajoutant ou corrigeant du code, en proposant des fonctionnalités, en déboguant des applications ou en écrivant de la documentation ou en assurant du suivi sur les outils. Il m’est cependant arrivé de me lancer dans la création de projets à partir de rien, simplement à partir d’une idée, mais ça n’a jamais réellement abouti vers quelque chose de complet, fonctionnel et prêt à la distribution.

DLST’Mag : À quels projets notables avez-vous participé ?

Étienne : En terme de programmation, j’ai participé au code source du très connu Tor, que j’ai aussi beaucoup débogué, plus précisément effectué bon nombre de rapport de bogues. Il m’est arrivé aussi de fournir du code pour Low Orbit Ion Cannon il y a très longtemps, une bête application de test. J’ai aussi participé à l’élaboration de nombreux petits scripts d’attaque qui doivent maintenant tourner sur le net. J’héberge aussi actuellement un nœud Freenet afin de soutenir la vivacité du projet. J’ai aussi effectué du suivi personnalisé, et anonyme, en matière de logiciels pour des groupes d’activistes voulant faire passer leur message.

DLST’Mag : Notre article s’oriente tout particulièrement sur les Hacktivistes et l’utilisation qu’ils font des outils d’anonymat et de partage. Vous dîtes avoir aidé des activistes, que leur avez vous conseillé ?

Étienne : Il s’agissait entre autres d’un groupuscule de personnes qui luttaient contre la publicité en lieu public, ils n’avaient rien d’Hacktivistes mais avaient quand même besoin d’un endroit ou faire passer leurs idées. Je suis entré en contact avec eux sur une page Facebook et je leur ai simplement conseillé de se faire élaborer un site web classique. Il est évident que de tels mouvement n’ont sûrement pas besoin de quelque chose d’aussi complexe qu’un réseau d’anonymat pour communiquer, et comme je l’ai dit, ils possédaient déjà une page sur les réseaux sociaux.

DLST’Mag : Vous parliez principalement de Tor et de Freenet précédemment, vous devez donc bien connaître leur fonctionnement. Pensez-vous que pour de vrais Hacktivistes ces outils sont-ils efficaces pour qu’ils puissent se protéger ?

Étienne : Tout n’est pas infaillible, même si je pense que ces deux solutions feront un excellent travail pour aider les Hacktivistes dans leur lutte, Tor surtout. La manière dont fonctionnent ces applications assurent un bon anonymat et un maximum de discrétion pour ceux qui en ont réellement besoin. Après le problème des tous ces moyens, c’est vraiment qu’il va être compliqué de toucher le plus grand monde possible. Pour un groupe de hackers qui vont vouloir monter une opération, ça ne posera pas le moindre souci, mais pour une association de personnes qui vont vouloir amener à la révolution, ça va être plus compliqué. Après, le principal problème des projets Tor et Freenet, c’est que par le fait qu’ils sont Open Source, les agences gouvernementales peuvent très bien tenter d’y apposer une backdoor ou même analyser en profondeur son fonctionnement. Même si des alternatives pour éviter ce problème se développent, comme les systèmes d’exploitation « anonymes » dédiés à Tor, je pense à Tails surtout, le risque reste quand même là.

DLST’Mag : Merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de votre temps Étienne, bonne journée.



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