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Auteur de l'article : Thomas Signorino

Les réseaux sociaux renforcent-ils l’accessibilité à l’information ?

Dernier phénomène majeur permis par internet, les réseaux sociaux ont réussi à s’imposer comme un élément incontournable de nos sociétés. En effet, que se soit dans nos relations personnelles ou dans des secteurs comme la publicité ou l’information, ils sont devenus un maillon essentiel des chaînes de partage. C’est donc tout naturellement qu’ils sont venus bouleverser le monde journalistique. Au long de cet article nous allons tenter d’évaluer si les réseaux sociaux, comme vecteur d’information, pourrait en renforcer l’accessibilité.

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Qu’est-ce que l’accessibilité à l’information ? Nous allons considérer ici cette notion sur deux facettes. Premièrement, permettre un accès à l’information à des personnes dont celui-ci est limité (manque d’initiative, d’intérêt, de temps mais aussi de connaissances). Puis, renforcer cet accès en rendant par exemple son contenant plus attractif et/ou son contenu plus personnalisé, plus adapté. Cela peut aussi se traduire par une vulgarisation des connaissances, trop pointues celles-ci rebuteraient les plus jeunes par exemple.

Avant d’aller plus loin, revenons sur la notion de réseau social. De manière globale, ce terme désigne un ensemble de personnes réunies par un lien social. A la fin des années 90, des réseaux sociaux sont apparus sur internet, permettant aux personnes d’échanger et de se réunir via des services d’échanges personnalisés. En France, FaceBook qui fut crée en 2004, est le plus connu et le plus utilisé à ce jour.

Il a longtemps été admis que les principaux utilisateurs des réseaux sociaux étaient les jeunes (14-25 ans). Néanmoins, il a été observé que cette palette d’utilisateurs s’est amplifiée et diversifiée. La moyenne d’âge à considérablement augmenté, on parle aujourd’hui d’une tranche d’âge moyenne plus proche des 17-35 ans. Par ailleurs, les seniors sont venus rejoindre cette pratique et diversifient encore plus les profils des utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux. Au vu de la thématique de cet article, nous allons surtout nous focaliser sur les populations jeunes.

Concernant l’usage des réseaux sociaux, on observe que la fréquence de visite sur les réseaux sociaux est en moyenne assez élevée puisque 2/3 des utilisateurs y passent tous les jours ou presque. Cette information n’est pas anodine puisque cette fréquence est un atout au rôle de vecteur d’informations du réseau social, y passer de façon journalière permet d’y retrouver des informations d’actualité, comme tout autres médias. L’usage le plus utilisé des réseaux sociaux est le relationnel, amicale et familiale. Néanmoins, le second usage le plus fréquent est le « following », le fait de « suivre » une marque ou une personnalité. Encore une fois, cela se prête tout à fait un usage d’information, puisqu’un utilisateur peut suivre un journal ou tout autre média et avoir un bref aperçu des principales actualités. Twitter est le réseau social qui se prête le plus à cette pratique, il est d’ailleurs le plus fréquenté par les personnes qui souhaitent se tenir au courant des actualités.

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L’information mobilise d’ores et déjà les réseaux sociaux pour se diffuser, et les médias traditionnels n’y sont pas étrangers. En effet, les journaux traditionnels, ou leur versions numériques tout du moins, ont tous des « pages » dédiées sur les différents réseaux sociaux. Celles-ci servent à diffuser les titres, des échantillons d’informations afin de rediriger l’utilisateur vers les sites officiels où ceux-ci pourront lire entièrement les articles qui les intéressent (et accessoirement rentabiliser les publicités qui financent ces mêmes journaux). Les « pures players » utilisent les mêmes procédés et certains journaux ont même des blogs dédiés à un domaine d’information (politique, etc …). Arnaud Mercier, Professeur en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine, estime que les usages journalistiques actuels des réseaux sociaux montrent déjà les potentialités d’avenir qu’ils pourraient se constituer pour l’information (espaces d’expression non contraints, usages participatifs entre journalistes et citoyens, etc …). Finalement, à l’heure actuel, l’usage des réseaux par les médias traditionnels dévoile un usage surtout publicitaire. Mais comme le laisse présager Arnaud Mercier, le potentiel des réseaux sociaux laisse imaginer bien d’autre transformations, plus structurelles des chaînes de la diffusion d’information.

Mais qu’elle est la part de l’information dans les réseaux sociaux ? L’action la plus emblématique des réseaux sociaux est celle du partage. Être inscrit sur un site comme Facebook ou Twitter, c’est partager des informations personnelles, des photos ou des vidéos par exemple. Mais ce partage sert aussi souvent à relayer les actualités qui ont pu susciter de l’intérêt. C’est ainsi que l’information va circuler entre « amis » ou « followers », et cette information va prendre un nature particulière, nous le verrons plus particulièrement quelques lignes plus loin. L’expérience « huis-clos sur le net », menée en 2010, a confirmé ceci. En effet, 5 journalistes enfermés dans une ferme du Périgord et coupés de tout moyen de communication, sauf Twitter et Facebook, ont pu se tenir au courant des actualités par ce seul biais. Néanmoins, cette expérience a aussi mis en exergue les limites des réseaux sociaux comme unique média. Mais cela aussi sera abordé en fin d’article.

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Avec la démocratisation d’Internet, les adolescents ont développé un rapport spécifique à l’information. Ils peuvent donc constituer une cible privilégiée des médias par les réseaux sociaux. Et nous l’avons vu, ils sont les principaux utilisateurs de ces réseaux, c’est donc tout naturellement que ce support peut constituer un vecteur d’information privilégié pour eux. Via les réseaux sociaux, l’information s’adapte aux jeunes utilisateurs. Comme nous l’avons évoqué précédemment, avec le partage, celle-ci prend un caractère unique car elle est souvent en parallèle commentée, personnalisée et parfois dirigée vers des personnes susceptibles d’y être plus réceptives. Comme l’évoque Antoine Cauty, les réseaux sociaux peuvent accentuer la transition du modèle de diffusion d’information actuel vers un modèle moins formaté et plus franc-parler. S’informer par les réseau sociaux constitue un moyen d’information qui permet aux internautes de sélectionner les actualités et les sujets qui les intéressent tout en panachant les sources, un modèle efficace et rapide qui colle parfaitement à nos nouveaux modes de vie.

Nous l’avons vu, l’information s’adapte dans sa forme (son ton, sa diffusion, …) mais qu’en est-il de son contenu ? Deux phénomènes sont observables, tout d’abord l’information peut être vulgarisée. Tout du moins dans son accroche, afin de ne pas repousser un lecteur potentiel et de rendre accessible un sujet parfois trop spécialisé (dans son vocabulaire par exemple). Par ailleurs, le contenu peut aussi diverger des circuits traditionnels dans le sens où l’on n’est susceptible de retrouver sur les réseaux les mêmes types d’information, les plus importantes, les plus accessibles et parfois les plus « buzzantes ». Cette idée amène à se demander si la diffusion de l’information par les réseaux sociaux ne se fait pas au détriment du champ d’information. Comme nous venons de le voir, le fonctionnement des réseaux sociaux risquent de conduire à une diffusion sélective de l’information. Le risque est que les utilisateurs ne soient abreuvés que du même types d’informations, des articles les plus brefs, les plus partagés. Tous un pan de l’information, peut-être moins accrocheur serait alors écarté des réseaux. Les événements sociaux les plus marquants pourraient être supplantés par les polémiques ou rumeurs politiques par exemple, qui créent simplement un effet de buzz.

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Finalement, il est clair qu’internet, et par extension les réseaux sociaux ont bouleversé les usages de l’information. Ces nouveaux médias ont montré qu’ils avaient des atouts non négligeables, en terme de rapidité, de personnalisation et de partage de l’information notamment. Néanmoins il est évident qu’ils génèrent en parallèle des effets pervers dans leur processus de diffusion. Quand la question se pose de savoir si les réseaux sociaux pourraient se substituer aux médias traditionnels, nous pouvons aisément affirmer que cela n’est pas envisageable. En tout cas pas à l’heure et en l’état actuel des réseaux sociaux. Ceci pour deux raisons majeures, premièrement les réseaux sociaux même s’ils leur arrivent de créer de l’information (par des initiatives personnelles) opèrent surtout en tant que relais vers les articles mis à disposition par les médias traditionnels. Secondement, des faiblesses restent encore à palier dans les rouages des réseaux sociaux, en effet les questions de l’identité et des sources sont des problèmes trop contraignant pour qu’on puisse imaginer que les réseaux sociaux endossent le rôle de véritables supports d’information.

Afin d’aller plus loin dans le débat des relations entre journalisme et réseaux sociaux, vous pouvez consulter les articles rédigés par mes confrères, disponibles eux aussi en intégralité sur le DLST Mag’ : « Les réseaux sociaux, une entrave à la diffusion de certaines informations journalistiques » ; C. Serrano « Les informations journalistiques diffusés sur les réseaux sociaux sont elles crédibles ? » ; M. Dubois « Interagir avec les internautes est-il considéré comme du vrai journalisme ? » ; M. Karam « Twitter, mine d’or du journaliste ? » ; A. Lebran

SIGNORINO Thomas

Sources :

« Réseaux sociaux : et si on reprenait les bases ? » ; Blog Atchick ; 2013 http://www.atchik-services.com/blog/reseaux-sociaux-bases

« Point sur les réseaux sociaux en France » ; MyJobCompany ; 2013 http://www.myjobcompany.com/blog/point-reseaux-sociaux-france/

« Les réseaux sociaux, nouveaux médias d’information ? » ; Tilder http://www.tilder.com/les-reseaux-sociaux-nouveaux-medias-dinformation/

« La place des réseaux sociaux dans l’information journalistique » ; ina-expert ; 2012 http://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-journalisme-internet-libertes/la-place-des-reseaux-sociaux-dans-l-information-journalistique.html

« Journalisme et réseaux sociaux » ; Ejicom Infos ; 2013 http://ejicominfos.wordpress.com/2013/07/02/journalisme-et-reseaux-sociaux/

« Jeunes et magazines numériques : vers un renouveau du journalisme ? » ; Horizons médiatiques ; 2013 http://www.horizonsmediatiques.fr/2013/11/02/jeunes-et-magazines-numeriques-vers-un-renouveau-du-journalisme/



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