Auteur de l'article : Mehdi Nait-Sidous
En complément de mon article, Mad-Dog, journaliste "amateur" sur LePost, a gentiment accepté de m’accorder quelques minutes pour répondre à mes questions. Au programme : son parcours, ses articles, et son avis sur le journalisme sur internet.
“ Je suis un autodidacte. Je n’ai qu’une licence de lettres, et je suis actuellement chômeur après avoir passé deux ans dans une entreprise de nettoyage industriel.
C’est à la fois une passion et un passe-temps. L’écriture d’article n’est au fond, pas très loin de l’écriture d’article de blogs, que j’avais fait à une époque : un sujet me viens, j’ai envie d’en parler, j’écris quelque chose. Cela me permet aussi de garder une certaine distance : je n’ai pas à me forcer à écrire un article tout les jours ou à devoir répéter quelque chose que j’ai déjà dis.
D’un autre coté, j’aimerai beaucoup que ça devienne un travail, ça permettrai de conjuguer ma passion sans avoir à trouver des boulots "alimentaires." ”
“J’aimerai bien qu’ils puissent coexister, même si j’ai peur que certains titres de la presse papier ne disparaissent.
La presse papier a encore cet avantage d’être lue un peu partout, d’être plus accessible par une frange de population qu’internet n’intéresse pas et d’avoir les moyens d’engager des journalistes professionnels ou de faire des enquêtes plus en profondeurs. Même si pour ce dernier point, depuis quelques années, des sites comme Mediapart, Rue 89 ou Backchich ont montrés qu’ils pouvaient faire aussi bien qu’eux.
On est dans une situation assez hybride en ce moment. Beaucoup de professionnels papiers ont investis sur le net, non seulement pour se donner une vitrine maison plus pour garder un pied là dedans : que ce soit les blogs du Monde.fr , le lancement de contenus exclusifs au net (20 Minutes.fr) ou la création de plateformes spéciales (Le Post.fr créé par le Monde.fr) De l’autre coté, on a vu Backchich se décliner en hebdomadaire et il me semble que Mediapart a sortie une formule papier. Le monde du journalisme se cherche et j’ai l’impression que ça va durer un petit moment.
Quant au dénigrement de l’internet dans votre question initiale, ça n’est pas seulement la presse papier, c’est un cliché utilisé aussi bien en télé que par les politiciens quand ça les arrange. C’est le lot de tout ce qui est nouveau d’être diabolisé, car c’est assez facile de dénigrer ce que l’on ne connait pas : la bande dessinée, les jeux vidéos, les téléphones portables, internet. Beaucoup des critiques imaginent qu’une info sur internet peut encore provenir d’un blogueur isolé et totalement inconnu qui lance une rumeur qui fait boule de neige. C’est de moins en moins possible : avant d’être lu et repris, il faut obtenir une certaine "crédibilité". ”
“Je dois ça à la politique éditoriale du Post, qui, malgré certaines critiques de ma part, m’a beaucoup aidée. Au départ, je n’écrivais que pour un petit cercle de personnes, et ils m’ont de plus en plus mis en "Une" permettant de faire lire mes articles à de nombreuses personnes qui ne m’auraient pas lues.
Donc, non, je ne me considère pas comme un journaliste "traditionnel", ni même comme un journaliste. J’ai plutôt l’impression d’être un blogueur dont l’avis est repris par le Post. Ainsi, beaucoup de mes articles ont plutôt une forme d’éditorial : je n’hésite pas à donner mon avis ou à parler de mon expérience personnelle, chose que j’aurai du mal à faire si je me considérais comme un journaliste "professionnel."”
“En ce moment, oui, mais surtout pour des raisons budgétaires. Est ce que cela me conviendrait ? Je n’en sais rien. Il est évident qu’un boulot de pigiste amène à faire de nombreuses concessions.”
“ Commencez à écrire d’abord pour vous même ou plutôt pour un cercle d’amis. Demandez-vous si vous êtes lisibles. J’ai vu beaucoup de gens très enthousiastes, voulant absolument donner leur avis et noyant leurs discours sous des tonnes de paragraphes sans aérations, ou sous des typographies illisibles.”
Sa page sur Le Post : http://www.lepost.fr/perso/mad-dog/